Le processus d’attachement

Le « Bagage » affectif d’un enfant

Parler de ce bagage, c’est savoir que le premier besoin d’un tout petit humain repose à la fois sur une nécessité d’ordre physiologique, de contact et de nutrition entre autres. Il existe d’emblée un besoin naturel sensoriel de proximité et d’attachement qui est vital à l’enfant.

Ainsi, les premiers soins qui lui sont donnés, à travers la qualité des échanges corporels, sensoriels et affectifs, mettent en place le système d’attachement de chaque nouveau-né.

C’est comme si le bébé ressentait la façon dont est « coloriée »au plan affectif l’ambiance des soins « maternants » qui lui sont procurés, c’est-à-dire comment il est porté, bercé, nourri, langé. Ce que la personne qui le soigne lui dit, la façon dont elle lui parle, tout ceci contribue à façonner les bases de son système d’attachement.

Si la personne qui s’occupe de lui est stressée, ou indifférente, l’enfant ne reçoit pas de réponse cohérente, rapide et chaleureuse à ses premières demandes ce qui génère chez lui du stress et de l’anxiété.

 

Ainsi la base de sécurité affective n’est pas innée mais acquise.

C’est la base de cet « accordage » entre la mère (ou la personne nourricière) et l’enfant qui va s’ancrer dans la mémoire émotionnelle du nouveau-né et pré- disposer sa capacité d’attachement à venir.

Selon les réponses qu’il a reçues, le modèle qui s’est imprimé dans le cerveau émotionnel de l’enfant sera ainsi un modèle d’attachement dit soit sécure, soit insécure (et, parmi l’attachement insécure, il y a l’attachement soit insécure ambivalent, soit insécure évitant, soit insécure désorganisé).

Si l’attachement acquis est sécure et serein, l’enfant ira en grandissant vers l’exploration du monde et des autres en confiance. En revanche, si son attachement est ancré sur un modèle anxieux et insécure, il va être plus difficile pour lui d’accorder sa confiance.

 

L’attachement et l’enfant adopté

On ne peut pas perdre de vue le fait que l’enfant adopté est la plupart du temps un enfant qui a été abandonné.

C’est un enfant qui a connu la rupture de ce premier lien « maternant », et aussi parfois bien d’autres ruptures affectives.

La somme des expériences ainsi vécues avant son adoption en termes de « réponses » à ses besoins, fait de lui l’enfant qui arrive dans sa famille d’adoption et chaque enfant connaît une histoire différente.

 

Traumatisme, ruptures et attachement

Plus l’enfant a vécu longtemps en institution, plus son histoire lui a procuré de ruptures affectives successives, plus difficile sera pour lui de faire confiance à ses parents adoptifs.

Il faut du temps à l’enfant qui n’est pas certain d’entrée de jeu qu’eux-aussi ne vont pas à leur tour le lâcher.

L’enfant qui, en revanche, n’a pas été trop « balloté » et qui a acquis la capacité de s’attacher à une nounou par exemple, a intégré, si on peut dire, dans sa mémoire émotionnelle un « logiciel » d’attachement dont il a plus de facilité à reproduire le modèle.

Il donne plus facilement sa confiance.

Pour les futurs parents, l’idéal est d’essayer bien sûr de savoir le plus de choses possibles sur l’histoire de leur enfant avant son adoption pour mieux appréhender ses besoins et ses attentes au plan affectif.

 

Le stade du développement psycho-affectif de l’enfant

L’enfant traverse différents stades au cours de son développement, et l’âge que l’enfant a au moment de son adoption n’est pas non plus sans incidence sur les modalités de son attachement.

De manière un peu rapide et schématique, on peut dire que :

  • Avant sept ou huit mois, l’enfant s’attache assez facilement la plupart du temps à la personne qui lui prodigue des soins et du bien-être affectif. (Mais très peu d’enfants de cet âge sont proposés à l’adoption internationale.)
  • A partir de l’âge de huit mois et jusqu’à trois ans environ, l’enfant, même s’il a été préparé en institution, ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive et, dans bien des cas, il ne dispose même pas encore du langage, ou s’il parle, ses parents adoptifs ne parlent pas sa langue maternelle. Il ne comprend pas ce que son adoption représente en termes de nouveauté et de changement. Il perd tous ses repères. C’est une période délicate pour un nouage des liens serein.
  • Les enfants dits « grands » : Certains sont tout prêts à se laisser entourer d’affection, d’autres pas.

Il arrive que des enfants ne soient pas adoptables au plan psychique : ils « n’adoptent pas » leurs parents et refusent de se laisser adopter par eux. Ceci est en lien avec ce qu’ils ont vécu avant leur adoption qui engage leur capacité à faire confiance ou non aux adultes .